William, sentant la détresse de son ami choisit d'intervenir, malgré les progrès fulgurants en matière de compréhension de ce nouveau monde, il pouvait encore lui être utile de temps en temps...
Il se releva légèrement et posa sa main sur l'épaule de Wolfgang, autant pour le soutenir que pour se donner le courage de braver la reine.

"Ma reine, je vous présente mes excuses pour ce que je m'apprête a vous dire, mais la situation l'exige.
Beaucoup de dangers rodent sur cette ville et vous ne pourrez pas faire face seule. Nous voulons vous apporter notre soutien, en tant que personnes, mais aussi en tant que clan.
Cependant, si vous ne nous faites pas confiance, notre bonne volonté ne suffira pas.
Ce qui nous conduit a nos requêtes : nous allons tenter de négocier une trêve avec les garous, mais avant cela il faut que vous nous fournissiez les informations que vous pouvez avoir les concernant; ensuite il faudra que vous nous reconnaissiez en tant que clan pour que nous puissions avoir la légitimité nécessaire a la conduite des négociations, cela peut se faire très simplement, il vous suffit de nommer l'un d'entre nous primogene."

William regarda son frère avec un sourire tendre, cherchant un encouragement a continuer.

"Nous en avons déjà parlé entre nous et nous avons convenu que Ahuitzotl est le meilleur choix possible. Avec lui nous entendons monter un clan uni et fier, peut être par notre exemple attirer plus des nôtres ici et vous servir tous loyalement."


Les yeux de William brillaient d'émotion, il était fier de présenter son ami, son frère a la tête de son clan ici et il l'exprimait par toutes les fibres de son être.
Une fois sa tirade terminée il osa croiser le regard de la reine, pas en signe de défi, mais en une supplique muette chargée d'humilité.
Il lâcha l'épaule de son ami et reposa un genou a terre, une main derrière son dos, et l'autre sur le sol, le poing serré, ses yeux fixant le pavage.
Il espérait ne pas être allé trop loin, mais ne parvenait pas a regretter ce qu'il avait dit, ça devait être fait et il estimait s'en être bien sorti.
C'est donc plein s'angoisse qu'il attendit la réponse de la reine.

En entendant William s'adresser à la Reine, il ressenti comme un soulagement car il savait que son frère arriverait à trouver les bons mots pour expliquer la situation ...
Sauf qu'il ne s'attendait pas à ce qui suivit ...
William avait, en plus de sa sagesse et de sa connaissance du monde moderne, un véritable talent de stratège et de ... politicien. Il connaissait la société vampirique et il savait user de ses talents pour renforcer l'influence de son clan.
Ca dernière intervention aupès de la Reine finit définitivement par regorger le vieux Gangrel d'une energie nouvelle et d'une determination qui allait peut être changer sa vision du monde ...
Il tourna la tête en direction du Gangrel, le regard plus .. dur que d'habitude mais pourtant, William pouvait sentir que son frère dégageait une grande fierté à son égard et qu'il approuvait ses paroles. Cette dureté, venait surement du fait qu'il allait devoir porter le poids d'une grande responsabilité.
En même temps, William avait vu ce que lui n'avait pu comprendre : En étant chef de clan, il aurait le droit de savoir ce qui se passe sur son territoire et la Reine alors, peut être lui apporterait quelques éléments importants ...

Ahuizotl gardait la tête baissée sans réagir aux propos de la Reine. Elle avait raison sur tous les points et même si, aux yeux de William, le vieux Gangrel avait beaucoup plus de valeur que lui, cela ne faisait que rajouter l'humilité et la dévotion à toutes les qualités qu'il possédait déjà.
Il essaya de faire le point sur tout cela et se rappela qu'il avait un autre rôle à jouer, bien plus important. Il devrait coute que coute protéger ce territoire et accomplir cette prophétie pour laquelle les Dieux l'avaient choisi. Peut importe qu'il soit "officiellement" le chef, il allait bientôt devoir se débarrasser de ses ennemis ...

Il avait envie d'expliquer à la Reine ce qui coulait dans les veines des Gangrels et comment se désignait un chef de Meute. Ceci aurait permis à celle ci de comprendre la démarche de son frère. Mais pouvait elle comprendre la loi de la nature ? Le chef n'est pas celui qui a les qualités requise pour faire de la politique mais celui qui a la force de maintenir une cohesion au sein du clan.
Pouvait elle comprendre qu'en cas de conflit d'autorité, les paroles et autres subterfuges n'avaient aucune valeur et que seul le plus fort avait raison.
Mais tout ceci était sans importance pour lui. Ce n'était pas le but de sa visite et il ne voulait pas en discuter plus longtemps.
Il laissa William répondre à la Reine, sans trop y croire, mais éspérant qu'il accepte ce rôle pour la contenter.
Ce qu'il voulait à présent, c'était des réponses et il espérait encore que la Reine serait disposée à lui en fournir.

William serra les dents, il avait craint une réaction de ce style et aurait préféré passer outre, ne pas être obligé de dévoiler ses tares aussi vite, mais cela semblait inévitable maintenant...

* Et merde...*

Il tourna la tête vers son frère et lui dit d'un air désolé.

"Ne me juges pas mal, s'il te plait."

Revenant a la reine il s'éclaircit la voix et lui répondit.

"Il y a de nombreuses raison qui me poussent a le considérer comme plus apte que moi, tout d'abord il a fait preuve d'une capacité d'adaptation hautement supérieure a la moyenne de notre clan, ce qui n'est pas peu dire pour ceux qui nous connaissent.
Ensuite il est vieux et puissant, vous le voyez peut être comme quelqu'un qui a du mal a s'adapter a notre époque, mais pour avoir passé la nuit avec lui, je suis prêt a parier qu'il n'en subsistera aucune trace dans moins d'une semaine.
Je m'exprime mieux que lui aujourd'hui, peut être, mais demain ?
Vous devez comprendre que nous autres, gangrels, ne choisissons pas nos chefs selon leur manières, ou leur sens de la politique, mais selon la capacité a maintenir le clan uni.
Beaucoup des vôtres ont fait cette erreur et c'est, je pense, une des raisons majeures qui a poussé le clan a quitter la camarilla.
Dans mes espoirs les plus fous, l'ascension d'Ahuitzotl au poste de primogene ici pourrait conduire au retour du clan au sein de la camarilla, mais passons..."


La gorge de William se noua d'émotion, il fallait qu'il arrive a dire ce qui lui pesait sur le coeur et l'âme.

"Quand aux raisons pour lesquelles je ferais un très mauvais candidat, elles sont nombreuses. Vous pouvez voir sur moi plusieurs des stigmates de mon clan, sachez que nous y accordons une grande importance dans nos rapports, et j'en ai trop pour mon âge, beaucoup trop, ce qui me désigne comme quelqu'un qui ne se maitrise absolument pas.
Si je suis assez calme aujourd'hui, c'est parce que nous avons passer la nouvelle lune depuis peu, vous me verrez, malheureusement m'agiter de plus en plus au fur et a mesure qu'elle s'arrondira.
Jusqu'au moment ou elle sera pleine et ou je vous demanderez de me planter un pieu dans le coeur et de me jeter dans une geôle pour la nuit.
Car je ne laisserais jamais ma bête me faire répéter l'abomination que j'ai commise lors de la dernière pleine lune. Vous devez bien en avoir entendu parler, mais laissez moi vous rafraichir la mémoire:
J'ai pourchassé un intrus sur le territoire de Mithras et ma bête se déchaînant, j'ai bu son sang, son coeur et son âme.
Je me suis damné une deuxième fois, et aussi bien que je n'aurais jamais suivi un diableriste, aucun gangrel ne viendra me suivre pour ce que j'ai fait....."

Ahuizotl écoutait avec interêt l'histoire de son frère, même si, dès le début, à son "ne me juge pas mal", il avait déjà porté son jugement sur lui.
Les Gangrels se choisissent selon des critères particuliers et chacun à ses raisons pour infanter un autre Gangrel.
En général, la force de caractère et le courage d'un Gangrel n'a d'égal que sa volonté de survivre et de garder sa liberté envers et contre tout. William était de cette trempe et sa Bête, aussi sauvage soit elle, était pure et puissante. Oui, William faisait honneur à son clan et il portait le fardeau de cette sauvagerie qu'il essayait de dompter chaque jour.
Le vieux Gangrel admirait son frère et lorsqu'il évoqua la diablerie, il ne pu refreiner un petit frisson qui lui parcouru l'échine. C'était "parait il" un acte interdit aux yeux de la camarilla et puni de la "Mort Ultime" pourtant il savait qu'au fond de lui, il aurait du mal à ne pas céder à ce crime lorsqu'il se trouverait devant son Sire ... En voyant la souffrance de William, il se demanda pourquoi il s'était damné une deuxième fois...
Il ne dit rien et continua d'écouter....

Ahuizotl n'attendait pas de la Reine qu'elle fasse le meilleur choix pour le clan Gangrel, pourtant, à l'annonce de son nom, il sentit au plus profond de son être, comme un soulagement incontrôlable. Il connaissait sa Bête et il devina que quelquechose venait de l'apaiser.
Quand à lui, il n'était pas venu pour cela et désirait entrer rapidement dans le vif du sujet.

"Ma Reine ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger le territoire que vous me confiez. William me guidera et sera le Bourgmestre si vous le voulez bien.
Si vous pouviez me donner des informations sur les vampires importants de la ville, les ennemis potentiels, enfin, ceux que vous pourriez soupçonner. Mais surtout, si vous connaissez l'existence de mages ou de loups garous sur Paris.
Je voudrais savoir si nous pouvons compter parmi nos rangs quelques alliés supplémentaires pour tendre un piège à ce vampire. Nous devons savoir ce que nous chassons si nous voulons survivre."

Il avait déjà quelques idées en tête mais il ne voulait pas partir tête baissée dans un piège. Il se pouvait que les ennemis se soient ligués eux aussi pour détruire le gros des forces camaristes.
Il lui faudrait surement une nuit supplémentaire pour trouver les informations manquantes mais il lui fallait faire vite car l'attaque était imminente.
C'est pourquoi il posait toutes ses questions à la Reine, il n'avait plus beaucoup de temps ....

William était reste agenouillé après sa déclaration, les voix de la reine et de son ami semblaient résonner au loin...
Pour la première fois il avait réussi a dire l'horreur qu'il avait commise et le souvenir de cette soirée se repassait en boucle dans sa tête.

Lorsque la reine les congédia il se releva lentement.

"Merci, ma reine."

Le ton était complètement détaché, il remit ses lunettes, plus par habitude que pour cacher le vide présent dans son regard et sorti, entrainant Ahuitzotl a sa suite.

"Tu devrais aller dans ton nouveau bureau, profiter des dernières minutes de nuit pour commencer les recherches.
Je vais signaler au prévôt que tu voudras la voir demain."

Sortie vers le bureau du bourgmestre.

Ahuizotl salua la Reine avec déférence avant de quitter la salle aux cotés de son frère.

"Tu as raison, je vais avoir beaucoup d'histoires à lire j'espère et je te conterai tout cela ! A demain William !"

[sortie vers le bureau du primogène]