Le Gangrel avait la permission de s'exprimer. Bien ... Il releva la tête pour regarder son Prince tandis qu'il parlait d'une voix toujours aussi forte et assurée.
"Mon Prince,
Je viens ici car j'ai appris que notre Primogène n'avait plus le droit de siéger à votre conseil ! Je n'ai pas dû avoir toutes les informations nécessaires pour justifier de ce choix que je trouve donc totalement injustifié.
Je n'ai jamais douté de vous et je sais qu'il vaut mieux que je m'adresse à vous si je veux savoir la vérité.
Expliquez moi s'il vous plait. J'ai besoin de savoir ce qui s'est passé depuis le soir où vous prôniez le rassemblement."

La passion et la colère contenues dans ces quelques mots étaient palpable mais le Prince pouvait sentir que l'Ancien avait beaucoup de respect et que cette colère n'était pas dirigée contre lui.

Si ancien et si naif, furent les premières pensées de Parménion...
Il regarda le gangrel avant de peser ses propres mots.

- Votre clan ne fait plus parti de la camarilla et a fait le voeu de devenir indépendant depuis quelques années. Je m'y suis opposé tant que je l'ai pu, mais j'ai été rappelé à l'ordre par le cercle intérieur. J'ai donc du me résoudre à prendre cette décision.

Il espérait avoir été clair afin que le vieux gangrel comprenne.

Ainsi, même le Prince n'était pas libre de ses choix. Il était obligé d'obéir au cercle intérieur. Soit !

D'un air résigné il répondit au Prince :

"Très bien, qu'il en soit ainsi. Je n'appartiens plus à la Camarilla et je suis libre d'errer en territoire ennemi je suppose ...
Je vais poursuivre mon chemin en tâchant de garder en mémoire ce que vous m'avez enseigné. Sachez que ce fut un honneur pour moi de combattre à vos côtés et qu'il en sera toujours ainsi si vous aviez besoin de mon aide dans les temps à venir.
Pourrais je vous demander une dernière faveur avant de quitter ces lieux ?"

- les interdictions liées à la camarilla ne vous concernent plus, mais veuillez respecter la mascarade, sinon je me verrais contraint d'intervenir.

Les propos de Parménion étaient clairs.

- allez y je vous écoute.

Les paroles du Prince était claires et justes. Le Gangrel ne semblait pas choqué par ces propos.

Il repris sur un ton calme et serein.

"Pourriez vous me dire ce que vous savez de cette femme qui contrôle le Sabbat à Paris et d'un Gangrel nommé autrefois Hukros."

le monarque observa le gangrel, visiblement animé d'un esprit vengeur.


- Cette fille se nomme Sublime, un ductus de meute, d'après mes sources elle est la fille de l'archevêque du sabbat du coin. L'autre personne dont vous parlez m'est inconnue. Ne faites pas l'imprudent Azuitothl, ces vampires ne pensent pas comme nous, et vous pourriez finir entre les crocs de l'un d'entre eux. Un vampire imprudent de la 6e génération c'est du pain béni pour un pack de diabolistes.

"Je comprends bien votre mise en garde Mon Prince. Et parce que ce conseil vient de vous, je vais le prendre très au sérieux.
Mais mon intérêt pour le sabbat n'est pas anodin bien que du point de vue idéologique, je ne serai jamais affilié à cette secte soyez en sûr.
Comme avec les garous, il faut parfois prendre des risques et les approcher pour pouvoir en tirer un avantage.
...
Pourquoi avoir négocié une trève avec vos ennemis ? Y a t il une menace plus grande qui plane sur Paris ?"

Cela faisait bien une question de trop mais le Prince semblait bien disposé et il fallait profiter de ses bonnes grâces.

- Ils nous ont aidé sur l'affaire Boubanos... Mais... Je veux qu'ils croient que l'on va respecter leur trève. Je sais qu'ils lisent sans aucun doute nos écrits, je ne sais pas comment mais je le sais. J'attends d'en savoir un peu plus sur eux, leur nombre, leur établissement, leur organisation, ensuite, nous ferons ce que l'on doit en faire : les exterminer.

La déclaration avait été très froide. Celle d'un général en action, près à appliquer le plan qu'il a prévu depuis un certain temps.


- De plus, Mademoiselle de Sancy enquête sur les raisons de la non-fonction de la protection du Louvre, sans doute liée au Sabbat.

Parménion regardait le vieux Gangrel avec le regard d'un père vers un enfant.

- oui il est normal que les jeunes soient protégés surtout s'ils nous sont fidèles. J'y veillerais. Ne faites pas de bêtises, Dimitri n'a plus de recommandations à vous donner. Mais il serait judicieux néanmoins de continuer à l'écouter.

"Je vous remercie Mon Prince.
Je ne vais pas vous faire perdre plus de temps si vous n'avez rien a exiger de moi, je vous demande la permission de m'en aller."

De nouveau ses yeux se tournèrent vers le sol mais il était clair qu'il ne s'agissait pas de soumission. Le Prince était un vrai leader et faisait honneur au clan Brujah et à la Camarilla Parisienne.

- Vous pouvez y aller.

Il regarda le vieux gangrel quitter la salle avant de demander à une goule qui serait le suivant.

Une dernière révérence et le Gangrel quitta la salle. Fier de savoir que la Camarilla parisienne n'avait pas renié le clan Gangrel et rassuré qu'elle garde une attention sur les quelques membres qui avaient décidé de rester à Paris.


Il était temps à présent d'aller voir les tremere ...
Ahuizotl interpela une goule en sortant de la salle afin de ne pas perdre de temps.

"Je suis désolé de vous déranger ainsi mais sauriez vous s'il y a un membre du clan Tremere dans ce bâtiment ?"

Le Gangrel avait retrouvé son optimisme et sa sérénité maintenant bien connue de tous. Sa Bête n'avait plus aucune raison de se manifester ...




[Direction ....]

La goule affectée à la salle du trône répondit à l'ancien Gangrel, après avoir murmuré dans son oreillette la question qui lui avait été posée :

- Aucun Tremere ne se trouve au Louvre ce soir, monsieur. Vous m'en voyez navré.

Il attendit que son interlocuteur rajoute quelque chose, ou bien quitte la majestueuse salle avant de se rapprocher du trône pour murmurer au Prince qu'une nouvelle venue souhaitait se présenter.

C'est avec un sourire de politesse que le Gangrel répondit à la goule.

"Tant pis pour moi dans ce cas !"

Ensuite il quitta la salle ...
[Direction ....]

La goule qui avait accompagné Kane retourna à son poste après l'avoir saluée, tandis que celle qui gérait la salle du trône annonçait au Prince d'un ton presque neutre :

- Mademoiselle Adélaïde Kane vient vous présenter ses hommages, votre majesté.

Et l'homme fit signe à la Rose qu'elle pouvait s'avancer.

Parménion ne réagit pas tout de suite à l'annonce du nom dans la salle. Il était encore absorbé par la visite précédente, celle du vieux gangrel. Il espérait toujours que ce dernier n'en fasse pas qu'à sa tête et que tout ce qu'il lui avait dispensé, parfois à son propre détriment, pourrait lui servir.

Il vit la jeune femme entrer.

Puis il aperçut le bouquet de violette. Il se leva d'un bloc.
Il avait envie de foncer, de la prendre contre lui, de la protéger. Autant de souvenirs perdus depuis des années qui étaient remémorés chaque année qui passait par un bouquet aux senteurs fraiches.

- Gardes laissez nous!... Tous.

Furent les seuls mots qui retentirent dans la salle dans un ton sans appel. Lorsque le trône ne fut plus peuplé que par elle et lui, il s'approcha.

Voyant elle était toujours baissée, il lui prit la main, et la baisa, l'incitant à se relever.

- Adelaide...

Furent les seules paroles qu'il put prononcer en l'instant.

Parménion était troublé. Difficile à croire pour un être qui avait traversé les siècles comme une comète nocturne. Il se contenta de la contempler. Sa voix si douce à ses oreilles, résonnait.


- Cela ne m'étonne pas de toi, tu as toujours eu quelque chose de spécial... dit il également sur le ton de l'humour.

Il ne savait pas comment réagir... La relation qu'il avait eu avec la jeune femme, autrefois humaine avait été courte, mais assez intense. Aujourd'hui il était le prince de paris, de France, et il ne savait pas s'il pouvait faire voeu de faiblesse devant la jeune femme.

Il se laissa faire, ou plutôt il l'a laissa faire. Répondant à sa caresse par une autre caresse, remettant ses mèches rebelles dans le bon sens.


- Tu es toujours aussi belle... Puis repensant à son statut de prince... J'ose espérer que personne n'est au courant?

*maladroit que tu fais... Quel âne...*


- Ne m'en veux pas...

Devant ses mots et ses gestes qu'il ne lui rendait pas, le voyant se recoiffer, Adelaïde resta interdite, fronçant les sourcils et laissant retomber ses mains le long de ses hanches fines, frôlant le bouquet de violettes sans s'en soucier.

"En posant les pieds sur le tarmac de Paris, je pensai encore y rencontrer madame d'Orceau." Elle avait fait un pas en arrière, sans trop y penser, machinalement, comme un animal blessé.

"Tu oses espérer ?" L'incompréhension avait envahit ses grands yeux de saphir, que croyait il ? Qu'elle avait hurlé sur les toits qu'elle l'avait aimé durant presque une année  avant de fuir pour le préserver des mensonges qu'elle avait dû servir à la cour ? Qu'elle était arrivée en conquérante au Louvre clamant qu'elle avait été son amante ?
Elle en eut un haut le cœur. Des décennies de fidélités et d'espoir pour en arriver là ?

"Te méfies tu tant de moi ? Ne me connais tu pas assez pour savoir que..." A quoi bon parler, si telle était sa décision ?

Son regard se perdit dans la contemplation des murs de la salle du trône tout en serrant les poings pour ne pas hurler.

"Je respecterais ta décision...SI c'est vraiment là ce que tu veux." Cela lui couta autant que de croquer un rat sorti d'un égout...
"As tu à ce point honte de moi ? Est ce parce que je suis une rose ? Une faiblesse ?"
Si elle avait bien compris (et elle essayait de comprendre) il venait de mettre un terme à leur relation d'une manière plutôt cavalière. Le coup porté était bas et rude. Elle s'en relèverai peut être.

"Au courant de quoi votre majesté ?" Le ton était sec et sa voix beaucoup moins assurée.

Elle fit un pas de plus en arrière, reprenant la distance protocolaire entre une nouvelle venue et un prince.

"Vous venez d'être tout à fait clair votre altesse." Elle détacha le petit bouquet de violettes et le laissa choir au sol tout en fermant les yeux.
"C'était le dernier..." Sa voix chevrota, non elle n'était pas si forte que ça.

"Dois je reprendre ma présentation ?" Jamais présentation n'avait été aussi dure, le sol aurait pu s'ouvrir sous ses pieds, Paris s'écrouler, qu'elle n'aurait pas bougé.

Pour avoir raté son coup, il l'avait bien raté. Elle ne comprenait pas. Il ne voulait pas la mettre en danger, elle qui lui avait rendu un peu de son humanité perdue depuis un bon millénnaire au moins. Il comprit son erreur au moment où elle lâchait le bouquet de violettes.

Il avait été un gros nul.

Affichant un regard triste derrière le masque du monarque, il tendit une main et s'accroupit pour ramasser le bouquet de violettes. Délicatement il le porta à son nez en fermant les yeux.

- Pardonnes moi Adelaide... Je n'ai pas honte de toi bien au contraire, je ne veux... simplement pas que mes ennemis et mes détracteurs se servent de toi pour m'atteindre... Dernièrement, ils ont usé de tous les moyens pour mettre à mal le royaume.

Il approcha une main douce de sa joue, malgré les cales ornant l'intérieur de ses mains.

- ce n'est pas ce que je veux.

Il lui rendit le bouquet avec un sourire.


- Tu n'as pas besoin de te présenter. Promet moi juste une soirée en tête à tête.

A son tour il posa ses lèvres près des siennes.

S'il n'avait écouté que son envie du moment, c'est sur il l'aurait suivi. Il avait passé de bons moments dans des temps troubles avec elle. Il sourit à la mention du journal de la harpie. Et lui caressa aussi la joue à sa remarque plaisante... "dure demande"...


- Je peux la gagner, ou te l'imposer, lui dit il avec un clin d'oeil de défi.

Elle n'avait peut être pas conscience de cet administration qui lui prenait du temps pour rien.


- Adelaïde, je suis heureux de te revoir.

Elle pouvait sentir là, tout le poids qui lui pesait sur les épaules. Cette simple phrase valait toutes les libérations.