Revient de la réunion du Primogénat

Une goule l'avait prévenu qu'un gars voulait le voir. Avant d'aller au petit salon rencontrer l'individu, s'il s'y trouvait toujours, Philippe déverrouilla son bureau.
Il alla directement décrocher le téléphone, repoussant simplement la porte derrière lui, se moquant de la faire claquer ou de la laisser entrouverte.
Il composa le numéro de mémoire, peinant plus que d'habitude. Mais en même temps, il avait balancé l'ancien téléphone volé. Il avait pour principe de ne pas les garder plus de trois jours.
Croisant les doigts pour qu'Alice réponde, ou mieux, qu'elle ne soit pas loin, il attendit la sonnerie.

Après avoir échangé quelques mots, il raccrocha et passa derrière le bureau. Il aurait bien essayé de brancher l'ordinateur, mais pour cette chasse prochaine, il faudrait qu'il fasse à l'ancienne faute de temps...
Songeur, il attendit l'arrivée d'Alice.

La charmante tornade fit irruption, comme prévu, dans son bureau. Le pseudo-enfant fut étonnamment satisfait de la voir. Il faut dire que les gens compétents ET serviables, ça ne court pas les rues.

Le téléphone offert par la jeune femme fut une bonne surprise, tout autant que la façon de l'offrir.
Il fit un sourire, pour montrer que l'attention quand au modèle choisi le touchait.

- Merci beaucoup, Alice.

Il se promit quand même de se trouver une goule le plus tôt possible.

Il essayait de prendre sur lui pour se tenir, mais ce n'était pas facile. Des clignements de paupière un peu trop fréquents, de légers mouvements de tête à la façon de celui qui écoute quelque chose... Il n'était pas dans son état normal, et il le savait. Mais il faisait de son mieux pour se contenir.
Pour la conversation, ça allait. Même toujours aussi bavarde, il était aisé de suivre Alice.
Il choisit ses mots pour répondre à la jeune femme, gardant pour lui les détails un peu gores de sa vision.

- Oui. Nous sommes allés sur son lieu de travail, avec Agrael. Il n'a pas été possible de rentrer, mais à l'extérieur, nous avons trouvé sa moto, dissimulée sous des branchages.
J'ai vu qu'il voulait quitter l'institut avec quelqu'un, dont j'ignore hélas l'identité. Lorsqu'il est sorti du garage, il s'est fait agresser et est tombé dans la cours. J'ai ensuite vu l'une des assassin de son Sire qui s'approchait de lui.
Je ne sais pas si elles auront voulu l'interroger ou le tuer directement, mais dans tous les cas, je ne suis pas optimiste.
Quoi qu'il en soit, on sait maintenant qu'il est, ou a été, entre leurs mains.
Il peut être intéressant de découvrir l'identité de la personne qui a réussi à faire sortir Thomas du Louvre malgré le fait qu'il connaissait le danger, mais l'essentiel me semble plutôt de trouver où les furies peuvent être.
Qu'est-ce que tu en pense ?

Il était curieux de connaître le point de vue de la jeune prophétesse.

Le terme "interroger" fit intérieurement sourire Philippe. Avec les deux aperçus qu'il avait eus de la délicatesse des furies, il se doutait, oui, qu'elles l'auraient interrogé. A peu près comme on presse un citron jusqu'à la peau avant de le jeter à la poubelle.
Quelques images de découpage sanglant lui passèrent par la tête, qu'il remisa pour plus tard, quand il aurait le temps.

- Je suis entièrement d'accord pour retenter notre chance à l'IML demain.
A vrai dire, si je savais comment faire, je sortirais mon esprit de mon corps pour les chercher en toute discrétion. Parce que l'ennui, c'est qu'il semble qu'elles savent rapidement quand on les recherche, et qu'une fois qu'elle traquent quelqu'un...

Ce n'était pas bon du tout. Il y avait pour l'instant un mort et un enlèvement. Qui se solderait sans doute par des cendres. Car il ne voyait pas de raisons pour que les filles relâchent Thomas, qui était quand même le premier témoin de certaines de leurs actions.

Si seulement il avait eu un peu de temps pour s'occuper de son problème, il aurait eu le cerveau plus vif... C'était usant, à la fin, ces stupides souvenirs qui se manifestaient sous formes de comptines en sourdine, répétées jusqu'à l'écoeurement.
Heureusement la voix claire de la néonate n'était pas couverte par cet horripilant bruit de fond.

Lorsqu'Alice s'informa de la réunion, le pseudo-enfant l'observa un bref instant.
Quelque chose clochait un peu avec la jeune femme, mais il n'aurait su dire quoi. Avec la certitude que s'il avait été dans son état normal, il l'aurait de suite su.
Bon, de toute façon, une chose était sûre, si elle avait quelque chose à demander, elle le demanderait.

- Très instructive.
Beaucoup de discussion, mais peu de décisions claires et fermes. A part une de taille : dame Venise a été démise de son poste de Primogène, c'est désormais le Sénéchal qui va représenter son clan. Monsieur Delcroix a également été renvoyé, dû à son clan non-camariste, et enfin, les Toréadors ont été mis au pied du mur et sommés de faire mieux. En attendant, eux aussi sont privés de Primogène.
Il a aussi été suggéré de trouver des endroits dans les arrondissements autour du Louvre pour servir de lieux de réunion, voire de refuges de clan, dans l'idée d'être moins disséminés.

Il fronça légèrement les sourcils. Il oubliait des choses. Il commença à se repasser la soirée en tête, Mélissange-influences-refuges avant de conclure qu'il n'avait pas non plus besoin de faire un rapport ultra détaillé à Alice. Il lui avait dit l'essentiel, à moins que ses neurones n'aient complètement fondus.

- A priori, un Ventrue du nom de d'Arcy va redevenir Gardien.
Il faudrait que je retrouve les notes d'Heinrich, mais de mémoire, il a tabassé une semblable au sein même de l'Elyseum. Il a été tancé pour cela par le Prince et sa propre Primogène, mais j'aimerais mieux que tu te méfies de lui quand même.

Alice ne bougeait plus comme le lui permettait son statut d'immortel, ce n'était pas habituel chez elle mais elle ne voulais pas agacer Philippe avec ses manières humaines.

"Oui je sais pour d'Arcy. Je l'ai croisé au petit salon, il m'a toujours fait peur et maintenant il est encore un peux plus sombre."

En disant cela elle pensait temps à son humeur qu'à ses vêtements, mais elle s'abstient de parler de choses privé qu'elle avait vue dans sa tête à une autre personne.

"Mais il n'a rien contre moi, je ne pense pas qu'il puisse me faire du mal. Hécate était méchante et vicieuse, la pauvre Séléna à du quitter la ville à cause d'elle."

Elle marqua une pose en repensant à cela.

"Je sais quitter mon corps, mais Fleur m'a avertit qu'il s'agissait d'une magie dangereuse pour moi. Et je crois qu'il vaudrait mieux que je sache où chercher avant de me lancer.

Puis fronça les sourcils en regardant son Primogène.

" Nous en reparlerons..."

**A un moment plus approprié.**

"En tout cas pour demain prend le temps de manger, tu es presque aussi flippant que le Borgne."

Elle commença a retourner vers la sortie.

"J'te laisse me contacter demain pour me dire l'heure et le lieu de rendez vous."

Elle lui fit tout de même un sourire pour atténuer ses paroles précédente et quitta la pièce sans plus tarder.

[Sortie vers chez elle]

Aha ! Il avait enfin quelqu'un qui pouvait lui montrer comment se fantômiser ! C'était trèèès satisfaisant.

Lorsqu'Alice prit congé, il conclut d'un simple :

- D'accord. A demain.

Il la salua d'un geste de la main, en se disant qu'il venait de se prendre une réflexion de la part d'une Néonate. Elle se trompait sur la cause de son attitude, mais peu importait. Il serait toujours temps de lui en parler plus tard.
Et d'ailleurs, peut-être que s'il chassait de façon un peu pêchue, il se sentirait temporairement mieux.

Et il la faisait flipper...? C'était cool, mais qu'est-ce que ça serait si elle le voyait sous son jour le moins avenant... Quoique, c'était peut-être justement ça qu'elle présageait trop bien.

Tout à ses efforts pour chasser son malaise persistant, il ne sentit pas venir la fatigue, et s'affaissa dans son fauteuil comme une marionnette lorsque la torpeur le prit d'un coup.