[4 avril 11 -1 pt de sg]

Philippe se réactiva sans transition, dans son fauteuil et devant les papiers qu'il avait relus la veille.
Il se sentait plus mal que la veille, comme une cocotte-minute sous pression depuis trop longtemps. Pour se soulager un peu, il souleva sa manche, et se mordit. Sans les crocs. Assez pour se faire mal, pas assez pour laisser une trace. Puis il rabaissa sa manche.

Il repassa dans sa tête le programme de la soirée.
Comme il devait recevoir quelqu'un, il prit tout simplement le téléphone offert par Alice, et ouvrit des menus au petit bonheur-la-chance, cherchant à mieux connaitre l'appareil.
Il savait appeler, et même taper des messages. Mais ces appareils ressemblaient, après tout, à des ordinateurs miniature, ils devaient pouvoir faire plein de choses.
Il en avait pour un moment, car dans l'état où il se trouvait, son esprit était nettement plus lent.

Philippe était tellement dans un état anormal, du moins pour lui, qu'il sursauta légèrement lorsqu'on frappa à sa porte.
Il déposa son portable et s'apprêta à se lever, mais il se souvint ensuite que, tel le roi des abrutis, il avait oublié la veille de verrouiller le bureau, l'endroit où il dormait, quand même.
Du coup, il répondit simplement :

- Entrez !

Philippe se leva pour accueillir l'homme qui avait canardé le fameux "crapaud" démoniaque. Il ignorait qu'il était ancien. En même temps, ça ne se devinait pas aisément.
Atypique. Mais quelque part, comme tout Brujah se doit de l'être.

Il compta mentalement jusqu'à trois pour se lancer, fermement décidé à se montrer sociable et attentif jusqu'à ce que vienne le temps d'aller mieux.

- Bonsoir.
Oui, bien sûr, asseyez-vous où vous voulez.

Il désigna de la main le canapé tout autant que les fauteuils.
De son côté, il se jucha sur l'accoudoir de son fauteuil, histoire de ne pas disparaître derrière l'imposant bureau.

Malgré le moulinage plus laborieux que d'habitude, l'addition de 1+1 se fit dans l'esprit de Philippe, et il fut si surpris qu'il en cligna des yeux.

- Oui et non.
Je m'explique. Il y a une dizaine de jours, un Malkavien s'est fait exécuter par deux femmes. La situation ressemblait furieusement à une traque qui se retourne contre l'enquêteur. Même s'il s'est arrangé pour ne pas disparaître sans laisser de traces.
Donc, on peut le qualifier de détective paranoïaque, si cela correspond à vos critères.
De quand datent vos informations...?

Une "chasseuse", un enquêteur de son clan... Les apparences étaient trop belles, il voulait être sûr qu'ils parlaient tous les deux de la même chose...

Bon. Ils parlaient bien tous les deux de la même chose. Destin ou hasard, il restait prudent, mais preneur.

- Je les ai vues. Si votre prisonnière est l'une d'elles, je la reconnaîtrai.
Je crois que nos deux affaires n'en font de toute évidence qu'une.

Le pseudo-enfant saisit dans ses doigts fins la page du carnet écrite par Gustave, et fronça les sourcils en la lisant.
Il n'allait pas parler d'intuition car ce n'était pas raisonnable, mais en tant qu'augure, l'adresse lui "parlait" définitivement.

*Merci le réseau...?*

- Vous y êtes allé ?

*C'est la fête dans la tête au Brujah, enfin ça avance ! Il aurait voulu beugler de joie.*

J'y suis allé... Vide entièrement vide. À part pour un dossier bien cacher dans un matelas. Alors vous pouvez m'en dire plus ? j'pense que nos clans peuvent s'aider sur cette affaire .

- Je le pense aussi.
Votre aide sera bienvenue, et de notre côté, nous avons des compétences utiles pour une traque.

Philippe avait du mal à croire que tout ça lui tombe du ciel.
Toutefois, Dimitri s'était montré favorable à une aide de son clan concernant cette affaire, et Gustave était, finalement, l'un des siens. Cela lui allait donc.

- Avant de se faire tuer, notre mystérieux enquêteur a étreint quelqu'un. Il voulait qu'il soit son assurance, et comptait l'envoyer au Louvre.
Ayant assisté à la mort de son Sire peu après avoir repris conscience en tant que caïnite, c'est exactement ce qu'a fait son Infant.
Vous l'avez peut-être remarqué, c'était le médecin qui s'est occupé des blessés au Panthéon.
En gage de bonne foi, Thomas m'a fait part de tous les souvenirs qui ont pu lui revenir sur cette affaire.
Hélas il s'est jeté entre les griffes de l'une des meurtrières voici trois nuits... Nous le cherchons depuis, et je comptais continuer cette nuit encore.

Il cessa de faire lentement tourner la page du carnet entre ses doigts et la posa sur son bureau, puis examina Gustave. Reprenant son expression, non par moquerie mais parce qu'elle résumait bien tout, il demanda :

- Vous pouvez m'en dire plus ?

Après avoir écouté avec une attention soutenue, Philippe fouetta un peu son cerveau pour l'obliger à réfléchir à ce que venait de lui apprendre Gustave.
L'explosion chez les Brujah avait fait du bruit, pour ainsi dire, mais dans son souvenir, il n'y avait pas eu de mort. Ceci dit, agresser un Prince millénaire ET un archonte, c'était pour le moins culotté. La logique aurait voulu qu'elle s'en aille après avoir fait un coup d'éclat pareil. Mais non. Et là, intervenait le vol d'un dossier. Peut-être attendait-elle de l'avoir récupéré pour décoller...

Le pseudo-enfant énonça :

- Je lui demanderai s'il accepte de me laisser consulter ce document.

Il rectifia sa position en se redressant un peu, et reprit avec moins de neutralité :

- A mon avis, ça va être compliqué d'aller la chercher du côté du Sabbat, surtout maintenant.
Par contre... On devrait pouvoir lui tendre un piège en exposant ce fameux dossier. Si elle circule chez nous, ce ne sera sans doute pas avec toute sa troupe.
Qu'est-ce que vous en dites ?

Philippe secoua légèrement la tête.

- Il ne s'est même pas présenté à son infant, alors je ne lui connais aucun nom...
Si jamais j'en apprend plus, je vous avertirai.

Il sortit son téléphone flambant neuf de la veille, et regarda Gustave pour voir s'il voudrait échanger leurs numéros.

- Je compte aller jeter un oeil à l'adresse que vous m'avez fournie, puis repasser à l'endroit où il s'est fait capturer. Si le coeur vous en dit... Votre aide et votre expérience seront les bienvenues.
Mais avant, je pense qu'il pourrait être utile que j'aille voir votre prisonnière.

Il en apprendrait peut-être plus auprès d'elle, qui sait...

Philippe hocha la tête pour remercier Gustave, et approuver ce qu'il venait de dire.
Il descendit de son perchoir fauteuillesque et demanda, pour vérifier :

- Elle est ici ?

Il contourna le bureau et, de la main, fit signe au Brujah qu'il pouvait y aller s'il voulait.

- Nous nous retrouvons devant l'entrée tout à l'heure ? Ou demain en début de nuit prochaine, si cela nous prend plus de temps que prévu ?

Philippe répondit courtoisement au salut de Gustave et le laissa quitter la pièce.

Il écouta le léger bruit de ses pas un moment, puis compta lentement jusqu'à 100.
Il remonta alors la manche gauche de son pull, et se mordit le poignet avec violence. Un léger grognement lui échappa tandis qu'il tentait de trouver un exutoire à sa fureur.
C'était la première fois depuis bien bien longtemps qu'il ne pouvait, ne voulait pas l'exprimer librement. Et cela lui paraissait affreusement difficile de se retenir.

Dès qu'il se sentit un peu mieux, il cessa et lécha la plaie avant d'aller la rincer au lavabo attenant. Il ne tenait pas à gaspiller du sang pour se soigner. Ajouter la soif à la rage serait contre-productif.

Une fois présentable, il quitta le bureau, tapotant sur son téléphone tout neuf.

Spoiler:

Vers... (ça dépend des mj)

Préférant ne pas être confronté à la fille dans l'immédiat, Philippe remercie la goule et l'engagera pour le lendemain soir.

Vers la gare de Montparnasse

Revient de chasser.

Pour une fois, Philippe n'avait pas poussé ses limites, et il était rentré avant de tomber de fatigue.

Il profita de ce court laps de temps avant l'aube pour prendre des notes sur tout ce qu'il avait appris, concernant l'affaire Thomas, et les noms et adresses qu'il avait repérés.

Il s'essaya ensuite patiemment à tenter de brancher correctement l'ordinateur, qu'il installa sur une table derrière le bureau, près de l'imprimante.
Lorsqu'il se sentit fonctionner au ralenti, il s'installa dans son fauteuil et se laissa prendre par la torpeur.