Fidèle à son rôle d'observateur, Gatien examina la lame du primogène Brujah, ses chaussures, le sol devant lui, les vêtements des goules voisines. Mais non, il n'y avait rien de vert. Ni de canin non plus... Juste beaucoup de sang.

- "Je ne vois rien, Dimitri !" lança-t-il tandis que sa vision périphérique l'informait que Boubanos avait bougé. Il s'était redressé, et avait prononcé des mots qui avaient anormalement résonné dans la crypte. Et le monde entier basculait.

Glacé de terreur, le jeune Ventrue ne put que contempler, les yeux écarquillés, l'enfer qui tentait de se percer un chemin jusqu'à eux. Il cligna des yeux très fort, parce que si c'était une hallucination, elle n'était pas à son goût du tout, mais pas du tout du tout !
Hélas, aucun de ses sens ne lui donnait d'indice. Au contraire, le comportement des goules proches d'eux soulignait que si illusion il y avait, elle était de toute évidence collective.
Il y eut comme une ruade d'émotions dans son coeur, la peur irrationnelle de finir dans un endroit comme celui-là. Les vampires répétaient souvent le mot "damné". Mais au fond de lui, il n'y croyait pas. Ses croyances personnelles laissaient une trop grande part au concept de rédemption.
Il raffermit sa poigne sur ses armes et l'horreur qu'il ressentait s'apaisa un peu.
Se concentrer sur une chose à la fois.
Tenir. Empêcher les ennemis de monter à l'étage. Protéger ses camarades.

Il tira de la main gauche sur la goule armée d'un club de golf, près du Brujah, mais la manqua. En même temps, avec la main gauche et sur une cible mouvante, ce n'est pas aussi facile qu'en salle...
Presque simultanément, de la main droite, il fit feu sur l'un des enragés armés de pieux géants qui contournait Victor, celui qui était resté debout, et lui traversa l'épaule. Mais l'homme, pâle au possible, ne sembla pas s'en rendre compte.

[HRP : Sixième et dernier round ! Let's go !!]


Au milieu du décor terrifiant que Boubanos avait attiré, beaucoup trop près de notre réalité, l'homme enflammé cessa de frapper sur le feu qui le dévorait et se laissa chuter au sol, les bras devant les yeux, en continuant de s'égosiller sur un "non" sans fin.
L'homme à la pelle du côté de Dimitri pâlit, ses yeux se révulsèrent, et il s'évanouit comme le premier personnage de Lovecraft venu.

Dans un acte désespéré, les adversaires de Dimitri frappèrent en hurlant : batte, club de golf et hache.

Révélées par la chute de l'avant dernière ligne, deux goules eurent chacune une réaction différente.
La femme, les yeux écarquillés de terreur, contempla brièvement le tapis de corps sanguinolents, puis ramena son regard sur Dimitri. Elle leva ses armes paumes en avant, dans un geste de reddition méfiante. L'homme par contre, plongea sur le Brujah avec son épée pour placer un estoc audacieux, mais risqué.

Il ne restait, debout autour du trio, plus que deux personnes. L'homme armé d'une batte, qui ne semblait pas se rendre compte que ses coups ne blessaient aucunement le Primogène Brujah, et la femme dotée de deux lames, qui, suite au regard de Dimitri, s'employait à déposer ses armes avec lenteur et vigilance.



Telle une vague de ténèbres liquides, la femme-ombre qui s'était jusqu'à présent tenue aux côtés de Boubanos fondit sur les trois combattants.
Elle s'arrêta à distance respectable, les ombres onctueuses semblant envelopper son visage d'une grande délicatesse et d'une grande beauté comme une cape de velours par temps froid.
Quatre épaisses torsades d'ombre ondulaient devant elle, sorties du nuage lui-même, formant des arabesques mouvantes et protectrices.

D'une voix altérée par l'émotion, la jeune femme déclara :

Si nous l'emportons, sachez qu'il ne vous sera fait aucun mal.
Mais...

La suite semblait lui coûter. Elle bougea un peu et l'une de ses boucles d'oreille étincela d'autant plus qu'elle était entourée d'une nuit profonde. Elle continua néanmoins :

Si c'est vous qui l'emportez, engagez-vous à épargner ceux qui se seront rendus.

Une main fine, sortie de l'ombre, désigna la crypte dans son entier.

L'idéal serait bien évidemment que nous trouvions un terrain d'entente pour arrêter là ce triste massacre...

Ces derniers mots furent assortis d'une vibration imperceptible.
Une personne aussi expérimentée que Dimitri sentit de suite la subtile influence du charisme dont les membres de son Clan faisaient parfois usage pour appuyer leurs propos.
Il avait bien fait d'avertir ses camarades, mais est-ce que cela suffirait ?

Toutefois, l'expression de la jeune femme se troubla totalement alors qu'elle posait les yeux sur Victor.
Elle le contempla, médusée, avant de froncer les sourcils.

HRP:

Victor n'avait plus aucun adversaire à sa portée, les derniers ayant de toute évidence choisi un adversaire qui en vaille vraiment la peine... enfin, selon certaines anciennes croyances où il est question de mourir face à un vrai guerrier tout ça tout ça...
C'est alors que s'approcha l'étrange créature constituée d'ombres et qui, de toute évidence, sous couvert de jouer les diplomates, tentait d'influencer ceux de son groupe en usant de pouvoirs. Mais, aidé de l'avertissement de Dimitri, le Trémère ne subit aucun effet, envoyant même une petite surprise à l'obténébrancienne.
Celle-ci sembla par ailleurs tomber, ne serait-ce qu'un instant, sous le charme du caïnite. Victor tenta de mettre un terme à l'affrontement, lui répondant rapidement, tout en cherchant l'approbation d'un regard du Primogène Brujah :

"Il ne fait pas l'ombre d'un doute qui si vous redeveniez normale, et vous rendiez immédiatement, nous serions favorables à vous traiter avec égard" en insistant sans équivoque possible sur le "immédiatement".

Stella a écrit:

Contemplant Victor comme la huitième merveille du monde, avec tendresse, mais aussi amertume et déception, Stella murmura pour elle-même :

Il te manipule, et quand tu auras le coeur brisé, c'est moi qui devrai recoller les morceaux... Oh Radu, quelle cruche je fais...

Ses beaux yeux noirs raffermis, elle sourit au Tremere, et répéta :

Ceux qui se seront rendus. J'ai donné des ordres.

Tout en parlant, elle s'éleva jusqu'au plafond, ou sa forme nuageuse se colla, presque comme une véritable ombre.

Hélas, la puissante alliée de Boubanos ne semblait pas encline à se rendre.
L'affrontement devait continuer. Victor invoqua son pouvoir pour tenter de disperser les ombres à l'aide de flammes, parvenant à les faire apparaître au milieu du corps de ténèbres de cette adversaire.

Spoiler:

Stella a écrit:

Lorsque la flamme de Victor l'atteignit, elle poussa un petit cri, et les torsades d'ombres de son torse se replièrent devant son visage.

Hélas, l'action de Victor fut encore une fois, peu probante, si ce n'est pour prouver que sa meilleure arme restait l'humour... et ça fait pas lourd ... enfin, ça dépend du point de vue !

Gatien vit s'approcher la maîtresse des ombres, mais il n'eut pas besoin d'avertir ses camarades, car le Primogène les mettait en garde.
Ne pas regarder directement.
Oui. Pour se protéger de l'hypnose.
Un vieux truc de goule que Gatien connaissait bien. Il suffisait de regarder les lèvres, ou le nez, bref, n'importe quelle partie du visage du moment qu'on ne croisait pas le regard.
Il observa donc ses boucles d'oreilles scintillantes lorsque la tête de femme dans le corps d'ombre s'adressa à eux.
Ou bien plus probablement à monsieur Romanof.

Sa voix était délicieuse, son visage ravissant. Et le jeune Ventrue eut soudain une très forte envie de plaire à cette belle Etoile. Elle était plus admirable que mademoiselle de Sancy, plus charmante qu'Elea, plus élégante que Luddmila, plus parfaite que...
Non. Certainement pas.
Mademoiselle Boniface était bien mieux que cette femme.
Lentement, le cerveau soudain en panne de Gatien reprit le dessus.
Et sa "Louve" aurait profondément désapprouvé que son Infant, tué depuis trois mois à peine par un Sabbatique, se pâme devant une maîtresse des ombres au service d'un infernaliste.
Très troublé, Gatien passa le dos de sa main droite sur son visage, tentant de reprendre ses esprits, de se réveiller.

Les propos de Victor lui semblèrent sensés, quoique durs. Pourtant, il était vrai que, dans les cryptes, le combat semblait toucher à sa fin, et qu'il était clairement à l'avantage des Camaristes.
Boubanos paralysé, son armée de pantins anéantie, il était normal que les survivants se rendent.
Mais Stella n’acquiesça pas, et le Tremere lui lança... Une flammèche !
Gatien était toujours à la fois émerveillé et impressionné par les capacités magiques de ce Clan... Il fut toutefois choqué de l'attaque, mais son coeur et sa tête n'étaient pas d'accord.

En pleine confusion, il ferma les yeux et secoua la tête.
Comme toujours quand il lui semblait perdre l'esprit, il plongea en pensée au sein d'une bulle transparente au milieu de rien. Il n'existait plus que le vide et un morceau de Chopin, gracieux et émouvant.

Lorsqu'il releva la tête, il se sentait mieux, et put se tenir prêt à se rendre utile auprès de ses camarades.

[HRP : Une petite conclusion pour clôturer cette longue nuit.
Si l’action de votre personnage ne vous convient pas, mpez moi, j’éditerai.]

Dimitri s'apprêtait à grimper au rez-de-chaussée dans le sillage de Stella, lorsque le rire de Boubanos éclata, signalant qu’il reprenait de la vigueur.
Il alerta son Prince, prêt à tout si le monstre se réveillait pour de bon. Mais alors, lui et sa caméra d'épaule, purent voir la fin, étonnamment rapide et inattendue, du Baali qui avait tant fait de mal...
Le valeureux Primogène décida donc de revenir à son idée première, prévint Parménion et fila dans l'escalier tandis que les enfers s'évanouissaient dans la crypte comme la rosée à l'aube.

Victor, se souvenant de ce qu'il avait senti tantôt, signala au Prince que le gars qui rampait, là, essayant plus ou moins de passer inaperçu, n'était pas une goule.

Gatien se débrouilla avec le dernier adversaire, trop fou pour se rendre à l'ordre impérieux de Parménion, qui avait pourtant résonné clairement partout avant que Boubanos ne disparaisse se statufie.
Puis le Tremere, faute d'ordres précis, s'employa à maintenir les blessés en vie.


Au final, tout cela paraissait n'avoir été qu'un mauvais rêve, et quand les serviteurs arrivèrent pour évacuer les prisonniers, il fut temps de conclure cet étrange épisode.