Jessica ne savait pas par où commencer. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas soutenu une vrai conversation.

« C'est une histoire assez longue... Mais j'imagine qu'on a le temps. »
La jeune femme n'aimait pas raconter son histoire, son parcours. Elle avait beaucoup de mal à accorder sa confiance, et se confier ainsi demandait une confiance en son interlocuteur. Pourtant c'était un membre de la Cours qu'elle avait en face d'elle, et pas n'importe lequel. Il lui semblait qu'elle pouvait en dire un peu sur ses aventures.
« Ça débute réellement il y a plus ou moins dix ans, mais pour qu'vous compreniez mieux il faut qu'vous en sachiez un minimum sur moi.
Ma non vis remonte à un peu moins de trente ans, vingt-six ou vingt-sept j'dirais. Le jour où j'ai été étreinte, j'n'ai pas vu celui qui m'a fait ça. J'ne l'ai jamais vu en fait.
En c'temps là j'trainais ici, à Paris. J'ai rôdé pas mal de temps sans vraiment d'but. »

Ne sachant si elle allait réellement tout raconter à l'homme assis en face d'elle, Jessica marqua une pause. Son regard se perdit dans le verre de Monsieur d'Arcy.

« Et puis y'a une dizaine d'années j'ai décidé qu'j'allais traquer mon Sire. Essayer d'le trouver en tout cas. C'est pour ça qu'j'suis partie.
Depuis l'jour où j'suis partie d'cette ville, j'ai visité pas mal de coins d'la France. J'ai pas trouvé de piste. Pas qui vaille le coup en tout cas. »

Détachant son regard du verre et le plongeant dans les yeux de Monsieur d'Arcy.
« Du coup j'me suis dit qu'j'allais revenir un peu dans l'coin. C'est ici qu'ça s'est passé alors c'est pt'être le meilleur endroit pour moi.
Bref, j'n'aime pas trop penser à c't'echec ; pt'être qu'un jour j'trouverais sa trace. Pt'être pas. »

Monsieur d'Arcy l'avait écouté avec attention, sans l'interrompre. Alors que la première impression de Jessica le concernant n'avait été que méfiance, cette entrevue et son interlocuteur lui semblaient de plus en plus plaisants.

« Vous n'vous trompez pas en ce qui concerne mon clan. »
Interrompue par le téléphone, elle attendit qu'il ai fini de parler avant de reprendre.
« Un question ? Non. Non j'n'ai rien qui m'viens en tête. Pour c'qui est de mon parlé, j'ferais au mieux en présence de la Reine. Mais mes années de vagabondes m'ont fait perdre l'habitude de tenir une conversation. »

Après quelques secondes de silence.
« En fait oui, enfin c'n'est pas une question. Mais puisque j'ne verrais pas la Reine cette nuit, j'pourrais peut-être user encore un peu de votre temps.
Vous proposiez d'me présenter mes frères. On pourrait voir ça maintenant ? »
Un léger sourire apparu sur son visage qui était resté quasiment inexpressif tout a long de l'entretien.

En quelques instants, l'ambiance avait changé du tout au tout. Le climat simple et léger des dernières minutes laissa place à une atmosphère lourde et tendue.
Monsieur d'Arcy montrait-il enfin son vrai visage ? Un frémissement parcouru l'échine de la jeune femme et fit remuer légèrement ses oreilles de chat. Son léger sourire s'agrandit un peu plus et une lueur d'intérêt apparu dans ses yeux.

« Et bien, puisqu'on en a apparemment pas fini et si votre proposition tient toujours, je prendrais bien un verre de bourbon. Merci. »

Le changement de ton de d'Arcy, son changement d'attitude, tout cela était magistral. Ce n'était pas un jeu dont elle avait l'habitude mais Jessica savait encore se défendre.
Il était évident qu'elle n'y couperait pas ; elle devrait en raconter encore un peu plus sur elle.

« Apparemment j'v'ais devoir vous raconter plus en détails ma ... [Elle marqua une pause] ... naissance.
Comme j'le disais c'était il y a un peu moins de trente ans et c'n'était, si je m'en souviens bien, pas très loin d'ici ; de l'autre côté d'la Seine.
Jeune et sans foyer, prise dans le froid de la nuit, j'm'étais installée pour dormir sur les bords de la Seine. Ce sont mes derniers souvenirs de mortelle. »
Insistant sur ce dernier mot, Jessica réfréna tant bien que mal les émotions qui la rattachaient à cette période de sa vie. Elle se força à soutenir le regard de son interlocuteur et continua.

« La suite vous d'vez vous en douter. Au moins le début.
Un réveil difficile, un premier réveil de non-vie. Ce froid que j'fuyais la nuit d'avant m'emplissait entièrement. Et une voix, à la fois douce et ferme, me saluant. »
Elle fronçait de plus en plus les sourcils, essayant de se rappeler le plus distinctement possible sa première nuit en tant que vampire.
« J'me réveillais donc. J'me réveillais dans un endroit inconnu à mes yeux auprès d'une voix qu'mes oreilles n'avaient jamais entendu.
Cette voix c'était celle d'une femme. Elle n'a jamais voulu m'dire son nom mais elle m'expliqua. Elle m'expliqua c'que je ne pouvais pas faire et c'que je devais faire désormais.
Elle m'apprit les traditions. Elle m'apprit la Mascarade. Et surtout, elle ne m'laissa pas sortir pendant un temps.
A vrai dire elle m'a même nourrie. Nourrie et éduquée.
Puis j'pense qu'elle s'est dit qu'je saurais m'débrouiller et elle m'a laissé sortir. J'crois bien que c'est cette nuit là la dernière fois qu'je l'ai vue. »

Après quelques instants de silence elle conclu :
« Bien sûr, j'sais pas si elle a un rapport avec mon Sire. J'ai pt'être juste eu de la chance qu'cette femme s'occupe de moi.
J'imagine que j'aurais pas fait long feu sinon... »

Sa main serrait de plus en plus le verre que lui avait servit d'Arcy.

« Votre question concernait mon éducation vampirique non ? J'pense pas avoir oublié quoi qu'ce soit.
J'vous ai parlé de la personne qui m'a appris les traditions et le protocole. Ce même protocole qui veut qu'je sois là en ce moment. »

* Où est-ce qu'il veut en v'nir ? *

« Après si vous pensez qu'j'élude certaines parties d'mon histoire, peut-être qu'il faudrait qu'vous soyez plus ... précis ... dans vos questions. »
Cette dernière phrase pourrait bien irriter Monsieur d'Arcy, c'était clair. La jeune femme pris une gorgée bourbon, à moitié pour occuper ses mains et son esprits quelques secondes et à moitié pour donner une impression de désinvolture devant l'insistance de son interlocuteur.

« Autant que j'devrais comprendre votre suspicion, j'pense que vous devriez à votre tour comprendre que le départ de François Villon n'est pas vraiment passé inaperçu. »
La phrase fut dite sèchement. Alors que le regard de Jessica alternait entre son verre et le visage de d'Arcy, ses mains s'occupaient de remettre en place ses cheveux.
« Même absente de la capitale quelques temps, j'n'ai pas pourtant été coupée du monde. Et vous d'vez bien savoir qu'ce genre de nouvelle, comme toutes histoire politique, s'répend rapidement.
Qu'ce soit le départ de François Villon, l'arrivée d'Egaeg ou encore celle de la Reine, j'imagine que la plupart des Vampires qui n'vivent pas reclus dans une grotte sont au courant. »

Elle finit son verre et ajouta :
« Les chroniques vous savez, ne gardent pas de secrets très longtemps. »

L'atmosphère s'était enfin assagie.

« Le dernier Duc auquel j'me suis présenté ? Hum... »
Jessica baissa le yeux et posa son index sur ses lèvres, réfléchissant.
« C'doit sûrement être le Duc de Poitiers, c'est la dernière ville où j'suis allée. Quant à son nom ... j'ai peur de n'pouvoir le retrouver. J'ai toujours eu une mémoire ... sélective. Enfin vous m'trouverez sûrement dans son registre de visites. »

Comprenant que l'entrevue touchait à sa fin, elle reposa son verre sur le bureau du Gardien. Son sourire s'effaça de ses lèvres et son visage redevint aussi inexpressif qu'à son entrée dans ce bureau.
« Aborder autre chose ? J'pense pas.
Sauf si vous, vous souhaitez m'expliquer un peu plus la raison derrière toutes ces questions, et cette suspicion dont vous parliez. »

Un sourire en coin réapparu sur les lèvres de la jeune femme.

« J'imagine que j'vous comprend, c'est vrai.
Sur ce, j'pense pas qu'il y ai autre chose d'urgent à aborder. »

Cette conversation, sûrement la plus longue qu'elle ai eu depuis de longues années avait été fort agréable pour Jessica. Elle aurait sûrement l'occasion de s'entretenir encore avec d'Arcy dans l'avenir.

Elle attendit que la porte se referme derrière d'Arcy pour prendre les vêtements. Elle fit une grimace en les voyant mais se dit que c'était nécessaire.
Jessica enleva sa chemise déchiré et laissa tomber son jean sur ses chevilles.
Elle enfila ensuite le tailleur et la jupe que l'assistante du Gardien venait d'apporter. Enfin, elle délaça ses vieilles Chuck Taylor et mis les escarpins qui allaient avec la tenue qu'elle venait de mettre.

Une fois totalement changée, elle se regarda rapidement, grimaça de nouveau. Jessica roula ses anciennes chaussures dans ses vieux vêtements et bourra le tout dans son sac en bandoulière.

Elle se dirigea ensuite vers la porte tout en se recoiffant et sortit dans le vestibule.

« Vous trouvez vraiment qu'cette tenue est mieux ? » Demanda-t-elle sur le ton de l'ironie.
« Enfin, j'imagine qu'j'aurais du mal à comprendre votre réponse. En tout cas j'suis prête, il me semble. »

Il était appuyé sur le bureau de son assistante, en pleine discussion visiblement.

« …La nuit prochaine, je compte sur vous pour recevoir mademoiselle de la Ruisselière à la première heure…
Ah, mademoiselle Brooks ! Voilà qui est mieux, beaucoup mieux…cela vous sied à merveille, vous me remercierez après avoir vu Sa Majesté et ne pas vous être fait étriller pour votre tenue…Il est temps d'y aller…
Mademoiselle Constance, à tout à l'heure. »

D'Arcy ouvre la porte qui donne dans le couloir, laissant passer Jessica avant de la rejoindre et de lui proposer galamment son bras pour l'aider à la descente des marches menant au rez-de-chaussée et au petit salon…

[Sortie vers le petit salon]

Passant la porte devant Monsieur d'Arcy elle attrapa son bras, plus par politesse que par envie.
« Merci. » Lança-t-elle nonchalamment.

[Sortie vers le petit salon]

Elle était contrariée par l'arrivé du prévôt et les ordres de la reine, mais elle n'en laisse rien paraitre, elle devait maintenant discuter avec le gardien de sa futur punition et éviter qu'elle ne s'applique à Bastien. Elle commençait mal, avec le prévôt qui les avait arrêté sur le chemin. Elle soupire en remettant de l'ordre dans sa tenue et frappe trois coup sec à la porte, alors que son esprit continue inlassablement à prier. Prier pour son Amie, pour Fey, pour sa mission, pour que dieu lui donne la force d'accomplir sa destinée.

Fleur regarda la femme qui s'adressait à elle avec un sourire poli.

"Melle de Rochefort, j'ai rendez vous avec monsieur d'Arcy."

Elle attendit que la secrétaire l'annonce, tout en continuant à maudire sa robe qui l'ennuyait de plus en plus.
Il allait falloir qu'ils discute très vite elle n'en pouvait plus de cette tenue, de ses sourire forcé. Elle agraine une perle de son chapelet toujours à sa main.
Elle s’inquiétait pour Thurim, pourvu que le prévôt soit dans un bon jour, car elle n'avait pas envie de se retrouver devant la reine.

Fleur entre donc dans le bureau et regarde le gardien avec un haussement de sourcil. Il était de mauvaise humeur. Soit.

"Perdu non, monsieur. Arrêté par le prévôt si....."

Elle s'approche du bureau, jette un regard au fauteuil avant de regarder de nouveau l'homme, sans s'assoir.

"....... Le prévôt à réquisitionné mon ami pour lui poser quelques questions. Il me fait d'ailleurs passer le message que la reine ne recevra plus personne se soir"