[ -1 pt de sang]
A peine réveillé, Henri étira ses muscles en soupirant d'aise. Encore une nuit au Louvre... Ce serait certainement la dernière. L'Elyseum avait déménagé; le palais du Louvre serait terriblement vide, privé de toute cette activité qui lui donnait cette formidable aura à travers le temps et l'espace, car toutes les autres cours lui avaient envié sa discipline, son esprit brillant et son savoir-vivre. Et puis il y avait ce qu'il avait écrit sur le Gardien. Nul doute qu'il ne serait plus le bienvenu ici, du moins jusqu'à ce que le loup hargneux soit remplacé.
Tout guilleret à cette idée, il enfila à la va-vite une chemise et sautilla tout guilleret jusqu'à la porte de sa chambre. Quelqu'un y avait déposé un exemplaire des Chroniques de l'Ombre dont il parcourut les articles au hasard bien installé dans un fauteuil avant de s'extasier sur son œuvre publiée -ou non-. De toute manière, si elle ne l'était pas, il ferait un scandale. Ses yeux s'attardèrent sur l'ouverture de l'Antichambre.
"Et comment monsieur le Gardien croit-il que l'on puisse trouver une rose noire à cette heure et en cette saison?" Un nom l'arrêta.
"Marion Dauvalle... Nitthael..." Puis les rouages de son cerveau se mirent en branle. Il y eut comme un déclic. Il connaissait cette femme.
"Non! Non! Non! NON!"Son poing s'abattit sur la table. La surprise, la colère et l'incrédulité se peignirent sur son visage. Il effeuilla sans soin le journal jusqu'à tomber sur l'article de la mort misérable de la malheureuse. Il était question de meurtre sanglant, de Baali mystérieux et de Gangrel aux instincts de fuite très développés.
"Tudieu! Personne ne fut à ses côtés en ce moment ultime."Il se souvenait d'une belle femme intransigeante, fière, mais aussi cultivée dont l'art précieux de la conversation forçait le respect.
Toujours en manches de chemise, il s'assit à son bureau pour composer une petit quelque chose de simple pour la soirée. Cette disparition l'émouvait trop pour le moment; il écrirait une belle élégie pour la nuit prochaine.
Une fois son œuvre jetée rapidement sur le papier, il se décida à s'habiller. L'anthracite était une couleur passe-partout qui convenait à toutes les situations. Il décida d'abandonner la cravate trop formelle pour tel lieu que l'Antichambre, préférant un foulard de soie noire à petits motifs blancs sur une chemise noire. Une fois parfumé et pomponné, d'Estirac prépara ses valises. Il ignorait où il dormirait la journée suivante, mais une chose était sûre: il lui faudrait changer de logement. La vie de Bohème était le lot de tous les artistes... Il posa ses bagages sur le lit; il viendrait les chercher en temps voulu.
Il mit à jour son blog avant de se rendre à l'Antichambre, après un court arrêt près des quais de Seine pour y quérir une rose noire.
[L'Antichambre]