Kalista était venue à pied, pour se présenter à la reine. Vêtue d' une
longue robe noire et d' un long manteau noir également, elle avait
complété sa tenue par des derbys noires. De toute façon, on ne les
voyait pas.
Elle se présenta à la goule de la sécurité, en déposant ses deux dagues sur le bureau :

" - Bonsoir, je m' appelle Kalista Laforêt, je suis du clan brujah, et je viens me présenter à notre reine."

Après un délai d' attente qui lui semblait long, mais qui en réalité était court, une goule vint la chercher au petit salon et lui dit :

" - Sa Majesté va vous recevoir, veillez me suivre, mademoiselle..."

La salle de trône était magnifique, mais la jeune brujah préférait les décors plus modernes, puis toute cette décoration, berf, la poussière, tout ça...
Elle arriva devant le trône, et fit une révérence, certes un peu maladroite, mais bon, ne demandez pas à une brujah d' avoir la grâce d' une toréador...

" - Bonsoir majesté, je suis Kalista Laforêt, brujah de la 8éme génération, infante de Maximillien Gallus, partit en mission aux Etats Unis sur ordre de votre prédecesseur, et mise sous la tutelle de Martin Laforêt. Cela fait dix ans que celui ci m' éduque afin de servir au mieux la Caarilla."

Kalista resta figée dans sa révérence, n' osant relever la tête, et encore moins croiser le regard de la Reine.

Sans se relever, Kalista répondit à la Reine :

" - Oui, c' est bien mon sire qui est partit là bas, mais ne voulant pas me laisser seule dans Paris, il a demandé à un frère brujah de devenir mon mentor, majesté. Ensuite, je suis restée tout ce temps à ses côtés, pour apprendre les Traditions et les respecter, puis apprendre à me servir de mes disciplines avec parcimonie mais efficacité.
Comme votre prédécesseur est partit il y a quelques jours, mon Sire m' a dit qu' il était de bon ton de me présenter à vous."

Kalista était impressionée par la Reine. On lui avait dit qu' elle était belle, mais en fait elle était magnifique.
Magnifiquement inquiétante et mystérieuse, même. Kalista n' osa bouger d' un pouce

Kalista se redressa, et fit une nouvelle révérence à la reine, puis lui dit :

" - Non, je n' ai plus de question, majesté. Bonne nuit majesté."

Kalista se mit à reculer, puis, arrivée près de la porte, se retourna et sortit, puis s' arrêta quelques mètres après la salle du trône. Puis un petit sourire fleurit sur le visage de Kalista, en repensant au nom du nouveau primogène. Elle continua sa route...

Mina avait finalement attendu moins que se qu'elle pensait de rigueur pour une rencontre avec un prince, aussi fut-elle légèrement surprise d'apprendre que c'était son tour de se présenter.
Elle tenta de chercher dans sa mémoire comment s'adresser à un vampire de si haut rang, mais les complications de la politique de Berlin, à cause de la partition, avait rendu le protocole un peu lâche et la négligence avait gagné la cité à mesure qu'on remettait en cause le prince en titre au profit de son homologue de l'autre partie de Berlin.
La réunification n'avait pas vraiment arrangé les choses, car les primogènes, en double dans la ville, avait eu beaucoup de mal à accepter qu'un seul primogénat soit légitime, aussi le prince s'était plus souvent fait appeler usurpateur que majesté.

En pensée, elle passa tout de même en revue les possibilités, tout en se rappelant qu'on lui avait signifier que la cour de Paris était bien plus stricte que la plupart des autres, s'inspirant de l'ancien régime des mortels de France:

*majesté...mouais...ma dame...trop ambigu....reine...trop formel...votre seigneurie...trop ronflant...Geneviève...trop familier...vieille branche...Non!...ma petite...encore pire...canaillou...risque de mort immédiate!*

En entrant, elle laissa finalement de coté sa réflexion et décida de s'en tenir à Reine, qui était le plus simple et permettait d'arriver à Ma Reine, une fois acceptée en ville.

La salle du trône était écœurante de dorure et de fioritures inutiles, mais la reine, pâle et belle, sublimait le décor.

En vingt ans de non vie, il n'était jamais arrivée à la trémère de ressentir quoi que ce soit pour un vampire de sa ville natale, trop amoureuse des personnages de papiers et des rituels glauques pour prendre le temps de ressusciter le peu de sentiment qui lui restait de sa vie mortel. Sa seule amitié, elle l'avait donné de loin, en observant sa famille mortelle vivre.

Mais la reine dans son écrin de dorure provoquait incontestablement pour le visiteur une émotion indéfinissable et c'est sans le vouloir que Mina tenta une révérence.
Tenta, car cela ne fut pas probant. Faute d'une éducation protocolaire soutenue, Mina fit un ersatz de révérence qui ressembla plus à rien qu'à quelque chose.

Reine...heu...

Une fois de plus sa voix mourut avant qu'elle ne finisse. En fin de compte, elle ne savait pas vraiment quoi dire, surtout à quelqu'un qui semblait...et bien aussi royale.

Je viens présenter mon hommage à votre majesté je suis Wilhelmina Geisterhaus des Trémères et je demande humblement l'autorisation de demeurer dans cette ville.

La phrase avait été dites d'une traite, sans pause ni intonation, comme un robot récitant un texte. Timide, Mina avait du mal à parler avec des nouvelles personnes, surtout aussi intimidante, et quand elle y arrivait, le résultat n'était pas réellement à la hauteur de ses attentes...des attentes de n'importe qui d'ailleurs.

Mina monta sa main jusqu'à sa joue en baissant légèrement la tête, posant ses doigts sur la branche gauche de ses lunettes et resta là pendant un instant. Le silence fit écho à son hésitation.
Une petite voix dans sa tête l'encourageait à refuser de retirer ses binocles, une petite voix pernicieuse qu'elle entendait déjà étant vivante, cette petite voix qui la poussait à être une adolescente rebelle et qu'elle n'avait jusqu'à présent pas suivit ou très rarement.
Cette même voix qui, au bord d'une falaise, nous propose de sauter, ou qui, par curiosité, nous fera toucher un mur avec un écriteaux marquant "peinture fraiche".

Les lunettes, c'était Mina et sans lunettes, elle n'était plus elle même, elle n'était plus l'adolescente vampire, discrète et polie dont on n'oubliait tout sauf la couleur de ses lunettes, celle dont on se disait qu'elle ne poserait pas de problème et qui se fondait dans le décor.

La reine l'avait peut-être compris et désirait peut-être voir celle qui se cache derrière les lunettes... "envoie la se faire voir" , aurait dit la petite voix si elle avait été plus qu'une impression fugace.

La main de Mina finit par descendre avec ses lunettes, refusant de sauter dans l'abime juste à cause d'un dilemme intérieur et dévoila des yeux aux iris d'un bleu très pâle, tacheté de gris. Elle replia soigneusement les branches de ses binocles rouges et les rangea dans sa poche avant de relever la tête vers la reine qui s'efforçait de sourire en attendant qu'on lui réponde.

*D'où j'arrive...ça c'est facile. Ce que je viens faire ici...c'est plus dur*

Je viens de Berlin...de la chantrie de Berlin. Et je viens parce que le régent m'a envoyé ici pour m'intégrer à la chantrie de Paris.

Elle passa ses mains dans son dos, croisant ses mains au niveau de ses reins comme une écolière interrogée par un professeur. Elle avait été concise comme son nouveau régent le voulait, et peu précise parce qu'elle avait de toute manière peu d'éléments de réponse et même si elle avait des hypothèses sur la raison de sa venue, elles étaient pour son clan, par pour une toréador, fusse-t-elle reine.

Aussi impressionnante et majestueuse que pouvait l'être la dame d'Orceau, Mina restait une trémère. Si elle avait été vivante, elle aurait certainement eu du mal à respirer et aurait probablement eu des sueurs froides, mais, morte, elle se contenta de mordiller légèrement sa lèvre en attendant de voir si la reine pousserait plus avant l'investigation.
Elle n'avait pas grand chose de plus à dire de toute manière.

Mina se sentait mal à l'aise, elle avait l'impression de sentir le poids de ses lunettes à travers sa poche, qui augmentait petit à petit pour attirer sa main comme un trou noir use de la gravité pour attirer la matière.
Elle avait envie de les remettre, sans, elle se sentait nue.
Instinctivement, elle décroisa son bras et le plongea dans sa poche, attrapant les lunettes pour simplement les tenir et les toucher comme d'autre un grigri.
Une main dans la poche, l'autre pendant le long de son corps à la carrure de crevette, elle se sentait un peu rassurée d'avoir la monture de plastique à portée de toucher.

Vous n'êtes pas très loquasse...

La reine interrompit ses divagations opticiennes, détournant l'attention de la trémère vers elle et la curiosité qu'elle comptait assouvir, plutôt que vers le manque d'assurance qui rongeait la capacité d'écoute de Mina. Si elle avait eu conscience d'avoir une issue de secours à la crise de panique dans l'attention que la reine lui portait, elle l'aurait remercié.
Mais l'ingratitude est souvent affaire d'ignorance et Mina se contenta de répondre.

D'abord en pensée.

*ba oui, je suis pas stupide, je raconte pas ma vie entière à quelqu'un qui a 500 manière différente de m'éliminer à sa disposition*

Puis en parole.

Désolé ma reine, j’essaie de ne pas ennuyer les gens avec le récit de mon quotidien banal.

Qui est votre sire, était il votre formateur ?

Les questions se faisait plus incisives, plus personnelles, plus inquisitrices aussi, mais la panique de Mina était rangée au placard, car finalement, elle s'y attendait et focalisation attention sur son dialogue avec la royale toréador.
Le questionnement de la reine cherchait probablement à sonder la jeune trémère à la recherche de secrets utiles, mais hormis les secrets que son clan lui avait enseignée et qu'elle ne divulguerait évidement pas, Mina cachait le contraire d'une vie secrète.
Alors que beaucoup d'autres vampires avaient un passé tumultueux ou un crime à camoufler, la caïnite avait surtout à masquer le fait que sa non-vie se résumerait probablement à 6 lignes sur un post-it si un biographe tentait d'en faire le récit et que sa vie mortelle avait finalement été plus trépidante. Mais l'avouer, c'était déclencher le mépris naturel des vampires pour les néophytes et se retrouver avec l'étiquetage "pion sacrifiable" sur le front, aussi préférait-elle le mystère à la vérité.

Un trémère discret inquiète plus qu'un trémère dont on sait qu'il n'a été qu'apprenti d'un régent qui ne lui faisait pas prendre de risque, surement pour éviter de mettre en danger un potentiel investissement.

Mon sire était le docteur Pinder-Shclauss. Un trémère aux habitudes un peu...exotiques. Ce n'est pas lui qui m'a formée, c'est mon régent de Berlin.

La jeune vampire salua la souveraine avec un peu plus de simplicité que la tentative de révérence faites à son arrivée, puis quitta la salle, non sans remettre ses lunettes sur son nez avant de s'éclipser en silence.

L'entrevue s'était finalement passée comme elle l'espérait, si tant est qu'elle en espérait bien plus que d'en sortir sans être inquiété. La reine restait probablement sur sa faim, surtout pour une toréador, mais c'était la façon de faire de Mina.
Elle ne disait rien, on s'en lassait, on l'oubliait et elle continuait son petit bonhomme de chemin jusqu'à avoir suffisamment de connaissance pour ensorceler votre goule et l'obliger à vous éliminer. Après, c'était bien fait pour vous, vous aviez qu'à pas faire ch...

*mais à quoi je pense...*

La trémère chassa de sa tête ses idées sanguinaires. Avoir été étreint avant l'âge adulte laissait en elle une bête, comme chez tous les vampires, mais une bête qui se plaisait à être une bête adolescente, rebelle, ivre de vengeance contre l'autorité et persuadé d'être invincible. Tout le contraire d'un trémère, mais la bête est à contrôler de toute manière et ceux qui espère ne pas devenir des monstres apprennent à précisément être, au moins un temps, le contraire de ce que leur nature réclame.
Sans jamais l'avoir expérimenté, elle était sur qu'en état de frénésie, elle ferait des graffitis sur le mur de la chantrie avant même de tuer tout ce qui bouge.

Elle ne disait rien, on s'en lassait, on l'oubliait et elle continuait son petit bonhomme de chemin sur la voie de la connaissance occulte et du pouvoir des arcanes...c'était tout ce qui comptait.

La porte de la salle du trône se referma derrière elle, coupant définitivement le charme de la grâce de la reine magnifique qui tenait Paris dans le creux de sa main et désormais tout ce qu'espérait Mina, c'était de ne pas être un caillou dans sa chaussure.

L'heure tardive fut signalé par l'horloge de la salle au son d'un tic-tac léger. Le jour n'allait plus tarder et il lui fallait encore s'installer à son repaire..

[-> sortie vers le petit salon]