Enfin, quelqu'un qui correspondait à ce qu'il cherchait se présenta devant la machine.
Attentif, Philippe plongea dans ses pensées. Son code de carte bleue et son numéro de téléphone se gravèrent dans sa mémoire. Pas quelqu'un de connu, pas de relations importantes. Juste un commercial en support technique, mais avec un salaire plus que sympa. Puis assuré contre le vol, c'est à dire que c'était la banque qui allait casquer en partie. Cool.
Le pseudo-enfant se concentra pour augmenter les capacités de son petit corps maigrelet et se tint prêt.
La proie, rassurée par le côté tranquille de la rue, reprit son chemin et passa près de la porte cochère, comme à l'aller.
Hop, deux mains aggripèrent son pardessus et le firent virevolter sur la droite. L'homme se cogna naturellement contre le mur, et tomba sur le dos. Avant d'avoir pu reprendre son souffle, le quidam se prit cinq coups de basket dans la tête.
C'était un peu exagéré, mais d'une part Philippe ne s'y prenait pas très bien, et d'autre part... C'était tellement bon d'avoir de l'ascendant sur la proie, de lui faire du mal, d'être le plus fort...
Il finit par se figer.
*Hé, ça suffit ! Je chasse, là. C'est pas un passe-temps. Le passe-temps, ça se prépare, et ça se savoure. Là, je fais le plein et je file. Proprement. Allez zou !*
Philippe resta immobile un court instant, pour vérifier que le bref remue-ménage n'avait ameuté personne. Mais la porte était un trou d'ombre assez profond, menant à un garage. A moins d'une voiture entrante ou sortante, c'était bon. Et le gars était bien sonné.
Il traina le corps, l'éloignant encore de la rue, et dégagea le poignet gauche des épais vêtement d'hiver. Le cou était trop emballé. Il planta ses crocs et but, maugréant intérieurement sur cette apparence débile qui l'obligeait à dépenser ses forces pour espérer apaiser sa soif.