Le retour fut vraiment un enchantement. Marcher aux cotés de Rozenmilna,é coutant ses merveilleuses histoires apaisait autant qu'émerveillait Annabelle.

La primogène ventrue s'adressait à elle comme une amie, bien plus que comme à une enfant, ce qui changeait beaucoup de son habitude.

Discrète, presque effacée, timide, mais avant tout soucieuse de ne pas briser la magie de cette promenade, Annabelle su se montrer économe de ses paroles. Pour une fois la nuit n'avait rien d'effrayant, et les bruits inquiétants et grinçants qui martelait son passage surent s'effacer. C'était un petit moment de bonheur simple, de ceux qui permettent de s'imaginer optimiste.
Annabelle aurait bien volontiers partagé ses souvenirs et ses secrets avec Rozenmilna, mais d'un coté elle en avait peu et de l'autre,c eux qui étaient profondément ancré dans sa mémoire était si horribles, si atroces, qu'ils auraient sans aucun doute gâché la soirée.

Puis vint l'arrivée au refuge et les rituels à accomplir pour se coucher. Annabelle n'avait pas vu le temps passer et les nuits lui semblaient de plus en plus courtes.
Rozenmilna attendait d'elle son aide pour l'extraction d'une traitresse cachée au sein même de la chantrie tremère. Elle se sentait de taille à le faire. Mais pas sans préparation.

Elle disposait déjà de l'essentiel : deux pistolet,d es chargeurs, d'une lampe torche à manivelle, ce qui glissa préventivement dans son manteau,. Le reste il fallait le demander.

Elle s'adressa dès lors à Steno, la servante fidèle et élégante de Rozenmilna directement.
En fait, elle craignait de devoir répondre aux questions de son amie et dans la candeur de son âme simple, elle ne s'imaginait pas que la servante aille rapporter illico ses propos à sa maitresse.
Les demandes étaient, en effet, assez peu habituelles. C'était une masse, un de ces gros outils de démolition à deux main, et un cadavre frais, non embaumé, le tout à mettre dans le coffre de la voiture. Annabelle pensait, qu'avec les deux combinés, Nadia, qui qu'elle fut, allait avoir fort à faire.



Elle alla, contente d'elle et de son courage, se brosser les dents, se changer et se coucher. Rozenmilna devait sans doute occuper son fauteuil fétiche. Cela dérangeait Annabelle, mais pas assez pour l'empêcher de s'endormir dans un lit confortable.

A nouveau, la conscience vint après le néant.


Avec plaisir, amis également beaucoup de surprise, Annabelle reconnu immédiatement l'endroit, le lit douillet, les draps frais et l'ambiance feutrée et douce de l'appartement de Rozenmilna.
Elle s'étira comme un chat, calfeutrée sous la couette, profitant de ce moment privilégié où elle n'existe que seule au monde. Un monde restreint à un seul lit.


Rapidement, cette surprise se mua en étonnement satisfait. Des bribes de souvenirs de la veille lui revenaient facilement, ce qui était inattendu.
Une aventure. Une sorcière. Une maison hantée... peut être que l'excitation de la promesse d'une soirée mouvementé avait survécu à cette torpeur qui, chaque joue, effaçait de la mémoire d'Annabelle la veille.
Toutefois, elle avait faim et cela n'était pas bon signe.
Annabelle, bien que sotte, se targuait, à défaut d'autre qualité d'être belle et gentille. Or la dégénérescence de la faim altérait ces deux points forts. Sa peau prenait une couleur déplaisante, habituellement réservée aux cadavres et sa douceur instinctive pouvait se muer en une agressivité d'autant plus désagréable qu'épaulée par une force prodigieuse.


Elle se leva avec difficulté, protégée par sa chemise de nuit d'un autre age et d'une autre mode, et fila rapidement, en espérant ne pas être vue dans cette tenue vulnérable par les habitantes des lieux. Le miroir lui révéla l'ampleur de sa faim, et la séance maquillage fut plus longue ce jour là. La quantité de parfum plus importante également.
Mais elle fit au plus vite. Sans doute que Rozenmilna devait déjà l'attendre.


Vêtue comme la veille, armée jusqu'aux poches, équipée au mieux, elle se présenta au salon, le sourire amical aux lèvres, attendant de son hôtesse les conseils et recommandations d'usage avant une expédition. Enfin l'espérait-elle, car déjà quelques brumes tentaient de recouvrir ses pensées.


Sténo était-elle là ? Pourquoi ce soudain intérêt pour la femme de chambre de Rozenmilna ? Elle sentait qu'il y avait quelque chose d'important, mais sans se souvenir de quoi. A la demande de la primogène, Annabelle n'avait pas prit de note. Et cela l'handicapait beaucoup. Elle n'osa rien demander de peur de faire perdre un temps précieux.


Elle se contenta de faire une jolie révérence à Rozenmilna.


- Madame, je suis à vous...

[+4pt de sang]

Bien, nous allons pouvoir y aller. Il ne me reste qu'une seule chose a fait.

*Et peu de temps après Euryale fit une entrée timide, sortant de la douche la peau encore humide. L'humaine portait un épais peignoir en éponge pour répondre aux étranges règles de pudeur qui existe dans le refuge de Rozenmilna. La servante pris place dans un fauteuil et dénuda, pas plus que de raison, son cou et sa nuque.

La Ventrue ne pouvait dorénavant plus quitter son calice des yeux. La Bête aurait préféré une proie, ce que le temps ne pouvait lui permettre. Rozen se consola en pensant qu’elle pourra toujours en traquer une plus tard, pour le plaisir.

Quel étrange spectacle, après quelques pas vers son repas, la vampire affiché autant de nervosité que la servante. Il arrivait de temps en temps qu’une avalanche de questions submerge la psyché de Rozenmila. « Est-ce que c’est encore bon ? » « Vais-je me contrôler . » « Quel gout avait ma sœur ? » « Pourquoi ne puis-je boire que celui-là ? » « Je ne veux pas l’entendre gémir … »
Les yeux brillants et la mâchoire ouverte, sa nature profonde balayer d’un puissant coup toutes ses pensées humaines. L’envie de sang était la seule règle qui composer le monde de Rozenmilna durant ces quelques secondes, effaçant toute la complexité de son être pour n’être plus qu’une créature au motif aussi sombre que pure.

Le baiser fut rapide, faisant s’évanouir la servante. Avec le silence pour feu de départ, Shannon fit son entrée pour tendre un mouchoir à sa maîtresse et emporter la servante esseulée. Un rituel millimétré.*

C’est indécent…

*Prononça la vampire le mouchoir blanc devant la bouche tachetée de rouge en commentaire de la réaction de son calice. Shannon fit un temps d’arrêt quand elle s’aperçut que l’invité était présent et s’inclina pour présenter ses hommages à Annabelle. Rozenmilna mis la main sur blouson et se dirigea vers la sortie.*

Shannon j’aimerais que tu prépares les documents pour l’antichambre et que tu les transmettes à Lieta.

Annabelle, allons y.

[Saint Michel]